mardi 21 octobre 2014

Aperçu de la problématique du leadership et de la participation politique des femmes



Le leadership des femmes et leur participation à la vie politique sont partout menacés. Les femmes sont sous-représentées aussi bien comme électrices, que dans les fonctions dirigeantes au sein des assemblées élues, dans l'administration publique ou encore dans le secteur privé.
A travers le monde, la lutte pour leur participation politique fut longue et jalonnée d’épines. Ainsi, à la fin du 19e siècle, les premiers mouvements féministes, se limitaient à réclamer des droits civiques. Ce n’est qu’au début du 20e siècle que les femmes ont revendiqué le droit de vote. De nos jours, en plus du droit de vote dont le combat n’a pas été facile à gagner, les femmes jouent un rôle essentiel dans la vie politique. C’est pourquoi, elles revendiquent un peu partout, des quotas visant à accroître le nombre de femmes élues représentantes. Elles ont reconnu que la participation démocratique est la clé permettant aux intérêts des femmes d'être représentés, de trouver une légitimité sociale et une réponse politique durable. Si les femmes ont besoin de la démocratie, la démocratie a également besoin d’elles.
Aujourd’hui, il est admis que le nombre très faible de femmes qui occupent des fonctions publiques, la moyenne mondiale actuelle étant de 20,9% au 1er juillet 2013[1] à peine dans les assemblées nationales, constitue un déficit qu'il faut redresser et témoignant d'une lente augmentation par rapport aux 11,3 % de 1995[2]. Alors que, la participation accrue des femmes à tous les niveaux de la gouvernance démocratique locale, nationale et régionale diversifiera la nature des assemblées démocratiques et permettra au processus de prise de décisions publiques de répondre aux besoins des citoyens qui auraient été négligés par le passé.
Au regard de ces statistiques, on constate que la participation des femmes à la vie politique continue à progresser (timidement) dans le monde entier, mais des « plafonds de verre » restent néanmoins bien présents pour les femmes qui veulent accéder à des postes de hauts niveaux (espaces politiques et décisionnels).  En effet, les femmes sont victimes d'inégalité et de discrimination, perpétuées par des habitudes et pratiques profondément ancrées dans nos sociétés. Mais aussi leurs opinions et leurs voix sont trop souvent mises de côté. Et ceci malgré leurs compétences maintes fois démontrées, en tant que leaders et agents du changement, et en dépit de leur droit de participer en toute égalité à la gouvernance démocratique.
Malgré ces difficultés, un certain nombre de règles et de normes internationales confèrent une place essentielle au leadership des femmes et à leur participation à la vie politique. En voici quelques unes:
Ø  La déclaration universelle des droits de l’Homme, dans son article 21, stipule que « Toute personne a le droit de prendre part à la direction des affaires publiques de son pays, soit directement, soit par l'intermédiaire de représentants librement choisis.
Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays» ;
Ø  La Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, contient dans son article 7 des engagements relatifs à la vie politique et publique et dans son article 8, des engagements relatifs à la représentation ;

Ø  La résolution 1990/15 du Conseil Economique et Social des Nations Unies appelle les gouvernements, les partis politiques, les syndicats, les organisations professionnelles et tous les groupes représentatifs à adopter une représentation minimale de 30% de femmes dans leurs instances dirigeantes, et d'atteindre éventuellement la parité;
Ø  Le Programme d'action de Beijing réitère la résolution 1990/15 et traite de l'élimination des obstacles à la participation publique de la femme dans toutes les sphères de la vie privée ou publique via la parité dans les domaines économiques, sociaux, culturels et en ce qui concerne le pouvoir décisionnel en matière de politique[3] ;

Ø  La résolution de l'Assemblée Générale des Nations Unies sur la participation des femmes à la vie politique (A/RES/58/142) de 2003, stipule que les États membres doivent, entre autres, prendre des mesures en vue de suivre les progrès de la représentation des femmes , de mettre au point des mécanismes et des programmes de formation qui encouragent les femmes à prendre part au processus électoral et améliorent leur capacité d’exprimer leur suffrage en toute connaissance de cause lors d’élections libres et régulières ;
Ø  Le protocole sur les droits des femmes en Afrique de l'Union Africaine ;

Ø  La déclaration de l'Union Africaine faisant de 2010-2020 la décennie de la femme africaine, constitue une autre étape importante de cet engagement à promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes ;

Ø  La résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies sur la participation des femmes à la vie politique (A/RES/66/130) de 2011 insiste sur l’importance de la contribution des femmes quel que soit le contexte. Elle appelle les États membres des Nations Unies à adopter une série de mesures permettant d’impliquer davantage les femmes marginalisées telles que les femmes autochtones, en situation de handicap, rurales ou appartenant à une minorité ethnique, culturelle ou religieuse dans tous les processus de prise de décisions, lever les obstacles leur empêchant de prendre part  à la vie politique et d’accéder à des postes de prise de décisions et enfin de promouvoir la reconnaissance de l'importance de la participation des femmes à tous les niveaux du processus politique : communautaire, local, national et international.
Au regard de ces cadres légaux et en cette période de défis mondiaux et interdépendants, il apparaît plus que nécessaire d’exploiter le potentiel de la moitié de la population du monde en leur donnant leurs droits et avoir leur siège aux tables de prise de décisions.
Aujourd’hui sur le plan national au Mali, beaucoup de femmes ne peuvent pas participer à la politique, entravées par des facteurs tels que, la pauvreté, les préjugés/stéréotypes, un faible niveau d’instruction, la discrimination des femmes au moment de l’élaboration des listes de candidature (mauvais rang sur les listes), les difficultés dans la constitution des dossiers de candidature, la méconnaissance des textes (lois électorales, charte des partis, etc.), les intrigues, la manipulation, le manque de moyens financiers pour faire campagne, l’esprit d’adversité et de clan[4], etc. Et à cause de ces obstacles, nous perdons beaucoup de femmes leaders de qualité.

Par ailleurs, force est de reconnaître que diverses dispositions légales nationales, reconnaissent la  participation politique des femmes comme fondamentale pour la démocratie et essentielle à la réalisation du développement durable et de la paix. Au rang de ces dispositions, nous citons :

-          La constitution malienne, mentionne dans son préambule que le Peuple souverain malien proclame sa détermination à défendre les droits de la  femme, souscrit à la Déclaration universelle des droits de l’Homme et de la Charte africaine des droits de l’Homme et des Peuples. Et stipule également dans son article 2, que les maliens naissent et demeurent libres et égaux en droits et devoirs. Toute discrimination fondée sur l’origine raciale, la couleur, la langue, la race, le sexe, la religion et l’opinion politique est prohibée ;

-          La politique nationale genre, est une vision conjuguant démocratie, égalité et croissance à travers une société démocratique qui garantit l’épanouissement de toutes les femmes et les hommes grâce au plein exercice de leurs droits égaux/fondamentaux, à une citoyenneté active et participative et à l’accès équitable aux ressources, en vue de faire du Mali un pays émergent, fort de sa croissance et fier de ses valeurs de justice, de paix, de solidarité et de cohésion sociale.

ü  Son Décret N°2014-0368-PM-RM du 27 mai 2014, fixe le mécanisme institutionnel d’orientation, d’impulsion et de suivi de la mise en œuvre de la Politique Nationale Genre du Mali ;


-          Projet de loi institue des mesures pour promouvoir le genre dans l’accès aux fonctions nominatives et électives (30% de femmes)[5].

Malheureusement ces différentes dispositions mentionnées ci-dessus, souffrent dans leur application réelle/effective. A ce jour, on note dans la sphère publique (postes électifs et nominatifs), une faible présence des femmes. Les chiffres font ressortir ce constat:
-     927femmes sur 10774 conseillers communaux, soit moins de 10%[6] ;
-     14 femmes sur 147 députés, soit 10% à l’élection législative de 2013 ;
-     5 femmes sur 31 ministres, (soit 11%) en 2014[7] ;
-     Sur les 28 candidats à l’élection présidentielle de 2014, une seule femme candidate était sur la liste (en résultat de classement, elle a été 16ème).
-     7 femmes sur 703 maires, soit 1% de l’élection communale 2009.

Dans la société civile, les femmes se sont engagées dans la création et l’animation de nombreuses associations et ONG. Les ONG, elles, pour une meilleure synergie entre les actions, ont été amenées à s’organiser en collectifs pour travailler à l’avancement des prises de décisions et du leadership féminin à tous les niveaux de la société, ainsi qu’à la participation généralisée des femmes à la vie publique.

Et particulièrement en milieu rural, cette problématique de leadership et de la participation politique des femmes n’est pas nouvelle.C’est pourquoi, leur participation dans les niveaux de décisions reste faible surtout pour les postes de responsabilités alors que la grande masse des femmes ont toujours été des actrices importantes du développement socio-économique. Elles participent aux divisions traditionnelles du travail basées sur le sexe et l’âge, notamment au sein des familles paysannes et artisanales. Paradoxalement, la place qui leur est faite pour l’exercice des responsabilités et de la prise de décisions dans la conduite des affaires publiques locales demeure très limitée.

Ceci se traduit par une faible représentativité des femmes dans les instances et organes de prise des décisions, de gestion des affaires publiques, par une faible intégration des priorités des femmes dans les plans et budgets communaux. Ces différents problèmes trouvent leur source dans les cultures et traditions des différentes communautés dont la réticence des hommes et particulièrement du mari, le poids social qui pèse sur elles, la surcharge du calendrier de travail, les lourdes tâches ménagères découlant de la division sociale du travail, un faible taux d’analphabétisme et de niveau d’instruction, la pauvreté, la peur de l’échec, le manque de solidarité entre elles, les effets de l’éducation traditionnelle, etc.

Voilà pourquoi Oxfam Novib en partenariat avec les ONG AJA, Jeunesse & Développement, One world Uk et Wildaf/Mali ont initié le projet « Femmes Leaders et Jeunes Citoyens Travailleurs » afin de promouvoir le leadership et la participation politique des femmes dans la commune de Bancoumana. Nous reconnaissons que le leadership des femmes dans le secteur privé entraînera une amélioration des résultats des entreprises. Et nous savons que les pays qui comptent plus de femmes au sein de leur parlement ont tendance à avoir des lois plus équitables, des programmes sociaux et des budgets qui bénéficient aux femmes, aux enfants et aux familles[8].
Pour se faire, ledit projet s’est établi des axes stratégiques permettant d'augmenter la participation (implication à tous les niveaux du processus électoral) et le leadership des femmes, de promouvoir leur autonomisation économique et de donner la priorité à l'égalité des sexes dans les plans et budgets communaux, car les femmes doivent avoir une participation et un leadership égaux dans la vie publique pour améliorer leurs vies, leurs familles et leurs sociétés. Non seulement leur engagement civique et politique est un droit humain, mais leur participation est cruciale pour promouvoir des sociétés civiles prospères et des démocraties qui fonctionnent.

Rédigé par:

Hadja Ténindiè SAMAKE
Chargée de Programmes à WILDAF/MALI


[1] Union interparlementaire, juillet 2013.
[4] Direction Nationale de la Promotion de la Femme, « Etude sur la participation politique des femmes à la vie publique au Mali : Contraintes et Stratégies pour le changement souhaité », février 2006.
[5] Adopté au Conseil des Ministres du mercredi 30 juillet 2014 sur présentation du Ministre de la Femme, de l’Enfant et de la Famille. NB : Le projet est toujours à l’ère actuelle (03 septembre 2014) au niveau du Secrétariat Général du Gouvernement, pas encore envoyé à l’Assemblée Nationale.
[6] Communiqué Conseil des Ministres du mercredi 30 juillet 2014.
[7] En date du 03 septembre 2014
[8] Référence au cas du Rwanda.

"Projet Femmes Leaders et Jeunes Citoyens Travailleurs" à Bancouma/Cercle de Kati/ (Mali)

Oxfam Novib a financé un projet pilote de consortium exécuté par Wildaf/Mali, One World Uk, l'ONG Jeunesse et Développement et Association Jeunesse Action au Mali. L'objectif du projet est d'accroître le taux de participation politique des femmes, la citoyenneté, de créer des emplois pour les jeunes filles et garçons et initier les jeunes à l'utilisation des nouvelles technologies de l'information. Pour ce faire,
Wildaf/Mali est chargé de:
- former 50 associations/groupements féminins en leadership,
- identifier et chercher des récépissés pour les associations/groupements féminins
- identifier et former 20 femmes candidates sur les procédures électorales
- former 50 jeunes filles et garçons sur les procédures électorales
One World UK
- créera un cyber à Bancoumana
- Former 90 jeunes citoyens actifs chercheurs et moniteurs
- Formation aux médias sociaux/ tics, à l'utilisaton de click infoado ,
- Formation à la citoyenneté jeunes et genre
Association Jeunesse Action (AJA Mali)
- Formation de 50jeunes filles et garçons en entrepreneuriat rural
ONG Jeunesse et Développement
- Organisation et tenue d’AG citoyennes
- Formation en reflect
- Organisation jeux concours citoyens
- Organisation de foras
- Organisation de semaines citoyennes




mercredi 15 octobre 2014

Enquête sur la perception, les besoins et la satisfaction de la Justice au Mali




L'ambassadeur du Royaume des Pays-Bas, M. Maarten Brouwer, et le Chargé d'affaires de l'Union Européenne au Mali, M. Andrzej Bielecki, ont présenté le vendredi passé, au Ministre de la Justice M. Mohamed Aly Bathily, un rapport de synthèse de l’enquête sur les besoins et la satisfaction des Maliens en matière de justice. L’enquête a été réalisée en début de cette année par HiiL, en partenariat avec les ONG maliennes Deme So et Wildaf/Mali.

L'enquête a porté sur 8400 citoyens du Mali, dans huit régions, (sauf Kidal pour des raisons sécuritaires) et le district de Bamako. Ces enquêtés ont répondu aux questions portant sur les problèmes de justice fréquemment rencontrés, sur la façon dont ils ont résolu ces problèmes et enfin la manière dont ils ont évalué ce processus et les résultats.
Avec ce rapport, nous apprenons aussi beaucoup sur les besoins de justice des Maliens, leurs points de vue des populations par rapport à la réconciliation. 

Les données donnent en particulier le gouvernement malien, aux partenaires au développement et à la société civile, les informations dont nous avons besoin pour mettre les citoyens, leurs besoins et leurs droits, au centre de la réforme de la justice.
Par ailleurs, il permet de mieux connaître les différents types de problèmes de justice auxquels sont confrontées les populations, quelles voies ces populations suivent et dans quelle mesure fonctionnent les différentes voies suivies pour résoudre les problèmes de justice. Cela permet de prendre des directives très concrètes pour les stratégies d'amélioration de la justice. Pour ceux qui s’y intéressent, le rapport est disponible gratuitement à l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas, sise à l'Hippodrome. Quelques tableaux du rapport sont montrés ici.






jeudi 9 octobre 2014

Crise au Mali: Wildaf Mali au chevet des femmes déplacées à Bamako



La  crise au nord du Mali a secoué notre pays et il y a eu des graves répercussions sur les droits des femmes et des filles. Elles ont subi toutes sortes de violences, telles que : le viol avec séquestration, viol collectif et individuel, braquage, coups et blessures volontaires, pillage, mariage forcé, perte d’enfants, enlèvement etc…

Face à cette situation, le WILDAF/Mali et son partenaire AEN (Aide de l’Eglise Norvégienne) ont conjugués leurs efforts pour la prise en charge des populations déplacées notamment les femmes et les jeunes filles  venues des régions du nord touchées par le conflit à travers une étude des cas de Juillet 2013 à Mars 2014. La prise en charge des victimes a essentiellement porté sur l’assistance juridique et judiciaire.

Le but est de lutter contre les violences sexuelles et prendre en charge les cas de viols enregistrés dans le District de Bamako.

Pour cela, l’enquête sur l’identification des cas a enregistrée 71 cas de viols. Ces victimes viennent principalement des trois régions du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal), de la région de Mopti (Konna et Douantza) et du cercle de Diabaly. Soixante personnes déclarent avoir subi de viols collectifs contre 11 personnes qui affirment avoir été victimes de viols à caractère individuel. Les personnes qui ont subi ces violences sexuelles sont en majorité des femmes mariées (58 femmes et un homme marié). Les victimes sont âgées de 9 à 55 ans. Elles sont classées comme suite : moins de 18 ans (4 victimes), de 18 à 30 ans (39 personnes), de 31 à 40 (21 personnes) de 41 à 50 ans (7 personnes).

Parmi ces personnes victimes de viols et d’autres infractions connexes, 47  survivantes souhaitent porter plaintes pour réclamer justice et demander réparation intégrale des préjudices subis contre seulement 23 personnes qui ne souhaitent pas porter plainte.

Il faut aussi noter que les conséquences de ces viols ont été particulièrement dramatiques chez certaines femmes qui ont vu leurs maris les abandonner tout simplement ; et d’autres ont assisté à l’assassinat de leurs maris sous leurs yeux en témoigne trois veuves.

Autres conséquences, certaines victimes sont tombées enceintes de leurs agresseurs présumés alors qu’elles sont mariées ; tandis que d’autres étaient déjà enceintes au moment du viol et ont fait fausses couches plus tard après l’incident. Pour échapper à leurs agresseurs, certaines femmes étaient obligées  d’abandonner leurs enfants, parce qu’ils étaient nombreux et elles ne pouvaient pas les amener tous. C’était une situation de survie. Jusqu’à nos jours ces enfants restent introuvables.

Parmi les cas recensés, il convient  de signaler un cas  très particulier. Il s’agit du viol d’un homme arrêté et emprisonné à Tombouctou par les islamistes. L’auteur  de viol sur lui était le gardien de prison. Il le décrit comme un islamiste d’une cinquantaine d’année, barbu et physiquement costaud. Outre les cas de violences sexuelles, il a eu également enregistrement des cas de violences physiques dont une fillette de 4 ans qui a été grièvement blessée avec des séquelles conséquentes. Soulignons que d’autres types de violences mérite d’être citer tels que : les séquestrations et maltraitances,  viols sur une personne handicapé, coups et blessures volontaires, grossesses non désirées/avortements, violences psychologiques, menaces de morts, dommages collatéraux aux tiers dus aux violences et aux viols, décès de deux filles mineures (9 et 12 ans) dus  à la gravité des viols qu’elles ont subis.

Notons que, tous ces viols ont été en général commis lors de la prise des différentes villes par les bandits armées. Les victimes viennent de Diabaly, de la Région de Mopti (Konna et Douantza), et  des régions du Nord. Certaines victimes déclarent reconnaitre leurs agresseurs, tandis que d’autres disent ne pas les reconnaître, vu que leurs visages étaient cachés par des cagoules et des turbans.

L’état psychologique de la majorité des victimes n’est pas meilleur. Elles se sentent abandonnées, stigmatisées, impuissantes et vivent dans des conditions sociales et économiques misérables. Beaucoup d’entre elles ne sont pas prêtes à pardonner à leurs agresseurs, ni à oublier ce qu’elles ont subi. Elles ne sont pas non plus prêtes à cohabiter (50 personnes sur 21) avec ces criminels qui ont détruit leur vie et celle de leurs familles. En revanche, 47 personnes sur 24 sont favorables au dialogue social et à la concertation.

Au jour d’aujourd’hui et en dehors de l’assistance juridique, il est nécessaire de mettre l’accent sur la mauvaise condition de vie que les femmes et les filles sont confrontées en longueur de journée, les problèmes sont entre autres : logement, frais de scolarité, nourriture, habillement, médicament, eau potable… Ces femmes étaient économiquement très actives au mais lors de la crise, elles  ont été  laissées dans une situation d’insécurité totale. La majorité d’entres elles ont été contraintes d’abandonner toutes leurs activités économiques et se sont trouvées dans une situation de dépendance totale, ce qui a accru leur vulnérabilité dans les zones de départ ainsi que dans les zones d’accueil.

Fatoumata Dicko

Chargée de Projet à WILDAF/MALI