jeudi 9 octobre 2014

Crise au Mali: Wildaf Mali au chevet des femmes déplacées à Bamako



La  crise au nord du Mali a secoué notre pays et il y a eu des graves répercussions sur les droits des femmes et des filles. Elles ont subi toutes sortes de violences, telles que : le viol avec séquestration, viol collectif et individuel, braquage, coups et blessures volontaires, pillage, mariage forcé, perte d’enfants, enlèvement etc…

Face à cette situation, le WILDAF/Mali et son partenaire AEN (Aide de l’Eglise Norvégienne) ont conjugués leurs efforts pour la prise en charge des populations déplacées notamment les femmes et les jeunes filles  venues des régions du nord touchées par le conflit à travers une étude des cas de Juillet 2013 à Mars 2014. La prise en charge des victimes a essentiellement porté sur l’assistance juridique et judiciaire.

Le but est de lutter contre les violences sexuelles et prendre en charge les cas de viols enregistrés dans le District de Bamako.

Pour cela, l’enquête sur l’identification des cas a enregistrée 71 cas de viols. Ces victimes viennent principalement des trois régions du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal), de la région de Mopti (Konna et Douantza) et du cercle de Diabaly. Soixante personnes déclarent avoir subi de viols collectifs contre 11 personnes qui affirment avoir été victimes de viols à caractère individuel. Les personnes qui ont subi ces violences sexuelles sont en majorité des femmes mariées (58 femmes et un homme marié). Les victimes sont âgées de 9 à 55 ans. Elles sont classées comme suite : moins de 18 ans (4 victimes), de 18 à 30 ans (39 personnes), de 31 à 40 (21 personnes) de 41 à 50 ans (7 personnes).

Parmi ces personnes victimes de viols et d’autres infractions connexes, 47  survivantes souhaitent porter plaintes pour réclamer justice et demander réparation intégrale des préjudices subis contre seulement 23 personnes qui ne souhaitent pas porter plainte.

Il faut aussi noter que les conséquences de ces viols ont été particulièrement dramatiques chez certaines femmes qui ont vu leurs maris les abandonner tout simplement ; et d’autres ont assisté à l’assassinat de leurs maris sous leurs yeux en témoigne trois veuves.

Autres conséquences, certaines victimes sont tombées enceintes de leurs agresseurs présumés alors qu’elles sont mariées ; tandis que d’autres étaient déjà enceintes au moment du viol et ont fait fausses couches plus tard après l’incident. Pour échapper à leurs agresseurs, certaines femmes étaient obligées  d’abandonner leurs enfants, parce qu’ils étaient nombreux et elles ne pouvaient pas les amener tous. C’était une situation de survie. Jusqu’à nos jours ces enfants restent introuvables.

Parmi les cas recensés, il convient  de signaler un cas  très particulier. Il s’agit du viol d’un homme arrêté et emprisonné à Tombouctou par les islamistes. L’auteur  de viol sur lui était le gardien de prison. Il le décrit comme un islamiste d’une cinquantaine d’année, barbu et physiquement costaud. Outre les cas de violences sexuelles, il a eu également enregistrement des cas de violences physiques dont une fillette de 4 ans qui a été grièvement blessée avec des séquelles conséquentes. Soulignons que d’autres types de violences mérite d’être citer tels que : les séquestrations et maltraitances,  viols sur une personne handicapé, coups et blessures volontaires, grossesses non désirées/avortements, violences psychologiques, menaces de morts, dommages collatéraux aux tiers dus aux violences et aux viols, décès de deux filles mineures (9 et 12 ans) dus  à la gravité des viols qu’elles ont subis.

Notons que, tous ces viols ont été en général commis lors de la prise des différentes villes par les bandits armées. Les victimes viennent de Diabaly, de la Région de Mopti (Konna et Douantza), et  des régions du Nord. Certaines victimes déclarent reconnaitre leurs agresseurs, tandis que d’autres disent ne pas les reconnaître, vu que leurs visages étaient cachés par des cagoules et des turbans.

L’état psychologique de la majorité des victimes n’est pas meilleur. Elles se sentent abandonnées, stigmatisées, impuissantes et vivent dans des conditions sociales et économiques misérables. Beaucoup d’entre elles ne sont pas prêtes à pardonner à leurs agresseurs, ni à oublier ce qu’elles ont subi. Elles ne sont pas non plus prêtes à cohabiter (50 personnes sur 21) avec ces criminels qui ont détruit leur vie et celle de leurs familles. En revanche, 47 personnes sur 24 sont favorables au dialogue social et à la concertation.

Au jour d’aujourd’hui et en dehors de l’assistance juridique, il est nécessaire de mettre l’accent sur la mauvaise condition de vie que les femmes et les filles sont confrontées en longueur de journée, les problèmes sont entre autres : logement, frais de scolarité, nourriture, habillement, médicament, eau potable… Ces femmes étaient économiquement très actives au mais lors de la crise, elles  ont été  laissées dans une situation d’insécurité totale. La majorité d’entres elles ont été contraintes d’abandonner toutes leurs activités économiques et se sont trouvées dans une situation de dépendance totale, ce qui a accru leur vulnérabilité dans les zones de départ ainsi que dans les zones d’accueil.

Fatoumata Dicko

Chargée de Projet à WILDAF/MALI

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire