La
crise au nord du Mali a secoué notre pays et il y a eu des graves
répercussions sur les droits des femmes et des filles. Elles ont subi toutes
sortes de violences, telles que : le viol avec séquestration, viol
collectif et individuel, braquage, coups et blessures volontaires, pillage,
mariage forcé, perte d’enfants, enlèvement etc…
Face à cette situation, le WILDAF/Mali et
son partenaire AEN (Aide de l’Eglise Norvégienne) ont conjugués leurs efforts
pour la prise en charge des populations déplacées notamment les femmes et les
jeunes filles venues des régions du nord
touchées par le conflit à travers une étude des cas de Juillet 2013 à Mars 2014.
La prise en charge des victimes a essentiellement porté sur l’assistance
juridique et judiciaire.
Le but est de lutter contre les
violences sexuelles et prendre en charge les cas de viols enregistrés dans le
District de Bamako.
Pour cela, l’enquête sur l’identification
des cas a enregistrée 71 cas de viols. Ces victimes viennent principalement des
trois régions du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal), de la région de Mopti (Konna et
Douantza) et du cercle de Diabaly. Soixante personnes déclarent avoir subi de
viols collectifs contre 11 personnes qui affirment avoir été victimes de viols
à caractère individuel. Les personnes qui ont subi ces violences sexuelles sont
en majorité des femmes mariées (58 femmes et un homme marié). Les victimes sont
âgées de 9 à 55 ans. Elles sont classées comme suite : moins de 18 ans (4
victimes), de 18 à 30 ans (39 personnes), de 31 à 40 (21 personnes) de 41 à 50
ans (7 personnes).
Parmi ces personnes victimes de viols et
d’autres infractions connexes, 47
survivantes souhaitent porter plaintes pour réclamer justice et demander
réparation intégrale des préjudices subis contre seulement 23 personnes
qui ne souhaitent pas porter plainte.
Il faut aussi noter que les conséquences
de ces viols ont été particulièrement dramatiques chez certaines femmes qui ont
vu leurs maris les abandonner tout simplement ; et d’autres ont assisté à
l’assassinat de leurs maris sous leurs yeux en témoigne trois veuves.
Autres conséquences, certaines victimes
sont tombées enceintes de leurs agresseurs présumés alors qu’elles sont
mariées ; tandis que d’autres étaient déjà enceintes au moment du viol et
ont fait fausses couches plus tard après l’incident. Pour échapper à leurs
agresseurs, certaines femmes étaient obligées
d’abandonner leurs enfants, parce qu’ils étaient nombreux et elles ne
pouvaient pas les amener tous. C’était une situation de survie. Jusqu’à nos
jours ces enfants restent introuvables.
Parmi les cas recensés, il convient de signaler un cas très particulier. Il s’agit du viol d’un
homme arrêté et emprisonné à Tombouctou par les islamistes. L’auteur de viol sur lui était le gardien de prison.
Il le décrit comme un islamiste d’une cinquantaine d’année, barbu et
physiquement costaud. Outre les cas de violences sexuelles, il a eu également
enregistrement des cas de violences physiques dont une fillette de 4 ans qui a
été grièvement blessée avec des séquelles conséquentes. Soulignons que d’autres
types de violences mérite d’être citer tels que : les séquestrations
et maltraitances, viols sur une personne
handicapé, coups et blessures volontaires, grossesses non désirées/avortements,
violences psychologiques, menaces de morts, dommages collatéraux aux tiers dus
aux violences et aux viols, décès de deux filles mineures (9 et 12 ans) dus à la gravité des viols qu’elles ont subis.
Notons que, tous ces viols ont été en
général commis lors de la prise des différentes villes par les bandits armées.
Les victimes viennent de Diabaly, de la Région de Mopti (Konna et Douantza),
et des régions du Nord. Certaines
victimes déclarent reconnaitre leurs agresseurs, tandis que d’autres disent ne
pas les reconnaître, vu que leurs visages étaient cachés par des cagoules et
des turbans.
L’état psychologique de la majorité des
victimes n’est pas meilleur. Elles se sentent abandonnées, stigmatisées,
impuissantes et vivent dans des conditions sociales et économiques misérables.
Beaucoup d’entre elles ne sont pas prêtes à pardonner à leurs agresseurs, ni à
oublier ce qu’elles ont subi. Elles ne sont pas non plus prêtes à cohabiter (50
personnes sur 21) avec ces criminels qui ont détruit leur vie et celle de leurs
familles. En revanche, 47 personnes sur 24 sont favorables au dialogue social
et à la concertation.
Au jour d’aujourd’hui et en dehors de l’assistance
juridique, il est nécessaire de mettre l’accent sur la mauvaise condition de
vie que les femmes et les filles sont confrontées en longueur de journée, les
problèmes sont entre autres : logement, frais de scolarité, nourriture,
habillement, médicament, eau potable… Ces femmes
étaient économiquement très actives au mais lors de la crise, elles ont été laissées dans une situation d’insécurité
totale. La majorité d’entres elles ont été contraintes d’abandonner toutes
leurs activités économiques et se sont trouvées dans une situation de
dépendance totale, ce qui a accru leur vulnérabilité dans les zones de départ
ainsi que dans les zones d’accueil.
Fatoumata
Dicko
Chargée de Projet à WILDAF/MALI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire